Le poids des secrets de famille

Dans cet article, le Dr Tisseron évoque l’impact du secret de famille dans l’apprentissage des enfants. Il explique qu’un enfant bénéficie d’une transmission des savoirs lorsqu’il peut accepter qu’un adulte soit en situation de donner et qu’il intègre ses expériences nouvelles à l’ensemble de sa personnalité. Les enfants qui grandissent dans des familles avec des secrets graves présentent souvent des troubles des apprentissages scolaires.

Dr Tisseron affirme que les secrets sont la plupart du temps, organisés autour de traumatismes qui peuvent être privés (deuil, maladie, fausse couche…) ou collectifs (guerre, catastrophe naturelle…). Ils sont vécus par une génération et symbolisés de façon incomplète (absence de mise en forme verbale autour de gestes, d’attitudes, d’images montrées ou racontées). Dr Tisseron explique que ces symbolisations partielles se traduisent chez les parents par des silences, des propos énigmatiques, des pleurs, des colères sans motif apparent et totalement incompréhensibles pour les enfants. Face à cette souffrance dissimulée, l’enfant peut perdre confiance envers les autres et soi-même.

La plupart des secrets sont liés à un traumatisme non-surmonté, qui peut être individuel, comme un deuil ou une fausse couche, ou collectif : les catastrophes naturelles, les attentats et les guerres sont des sources importantes de secrets dans lesquelles le silence familial est redoublé par le silence social. La transmission peut alors être malade au niveau d’un pays entier, comme le montre le cas de l’Allemagne
de l’Ouest après la guerre. Ce pays, à partir de 1950 et encore plus après 1980, s’est en effet si bien engagé dans un effort d’explication du national-socialisme que certains historiens l’ont pris comme modèle de nation authentiquement désireuse de tourner la page d’un passé tragique.

Serge Tisseron Mars/Avril/Mai 2002

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